L’intelligence collective : facteur de compétitivité
Accueil » L’intelligence collective : facteur de compétitivité
L’intelligence collective (IC) concerne les capacités intellectuelles d’un groupe résultant des multiples interactions réalisées entre ses membres.
C’est un concept selon lequel le partage des connaissances, des compétences et des expériences d’une somme d’individus liés par un projet commun permet d’améliorer la performance globale d’une entreprise.
Utilisé de tout temps en Situation de Crise ou en Project Management, le « Knowledge Management » est une méthode d’encadrement basée sur l’exploitation de cette intelligence collective et le partage des informations, applicable dans la gestion stratégique moyen-terme de l’entreprise.
Conditions
L’intelligence collective dans une société provient d’interactions répondant à diverses conditions essentielles.
Une libre appartenance :
Une adhésion fondée sur des buts communs. La mise en place de ce concept se base sur une acceptation des objectifs avant toute procédure. Une personne inintéressée par le projet n’est qu’un poids mort à l’intelligence collective (refus obstruant).
Une confiance mutuelle entre les membres. L’intelligence collective demande un respect et un « hors cadre » permettant la culture de nouvelles idées. Si les membres ne se font pas confiance, ceux-ci n’apporteront pas leur plein potentiel aux discussions (position défensive de base).
Une structure horizontale :
Des règles (tacites ou explicites) identiques pour tous les membres. Une des principales règles tacites est que : « Toute séance d’intelligence doit faire fi de toute hiérarchie ou règle tacite d’application lors de réunions classiques ». Ici le but est que les idées pleuvent, que chacun puisse s’exprimer.
Une organisation dynamique : la répartition des rôles est fondée sur le volontariat et la complémentarité des compétences de chacun.
Une gestion collective :
Une autonomie des membres. Chacun est responsable de sa propre action. De manière générale, les personnes parlent en leur nom, cela évite des malentendus, des inexactitudes.
Des décisions stratégiques basées sur le vote, le consensus ou le consentement (non-objection). Le vote peut être secret, mais comme l’intelligence collective s’accorde sur une confiance mutuelle, un refus peut très bien s’argumenter et apporter un autre angle de vue sur les décisions stratégiques envisagées.
De plus une positivité globale permet de poser ces décisions stratégiques sur une base motivée et engagée par l’ensemble des collaborateurs.
Un système d’information, des outils de coopération :
Un réseau de communication permettant l’interaction entre tous les membres. Le partage de données et d’idées doit se faire de manière accessible à tous, afin que les avis puissent être partagés.
Un accès total et en temps réel aux informations pour l’ensemble des acteurs. En effet, comment interagir ensemble si on ne connait pas la totalité des informations disponibles ?
Une vue synthétique et contextuelle de la situation pour chaque membre, permettant de revenir dans le cadre créé pour la séance d’intelligence collective quand on se perd en discussions sur d’autres sujets. Les vues étant libres, il est important de recadrer via cette vue synthétique.
Un processus d’apprentissage :
Un système de régulation : évaluation, contrôle, optimisation, correction des erreurs. « Les opinions sont libres, mais les faits sont à vérifier ». Toutes les idées sont les bienvenues lors de discussions mais celles-ci doivent rester réalistes et réalisables. Chaque procédure peut être testée et contrôlée lors des séances d’intelligence collective.
On n’écarte une option que si celle-ci ne répond pas aux évaluations mises en place collectivement, ou que sa mise en place se fait sans contrôle. Le système de régulation permet d’approfondir la teneur des idées et de faire avancer les acteurs dans leur réflexion.
Partage d’expériences et de pratiques, émergence d’une conscience commune
Constitution d’un corpus de connaissances : archivage, indexation de l’information. Comme la mise en place de séances d’IC est longue et compliquée, il est nécessaire de garder des traces de toutes les idées, de toutes les réflexions abordées.
Lors d’une prochaine séance, celles-ci peuvent servir de base ou de système de contrôle (fausse info, cul-de-sac, …), le but étant de gagner du temps et de la motivation pour faire progresser à nouveau le groupe de réflexion.
Management et intelligence collective : un facteur de compétitivité ?
Dans un monde entièrement digital où la rapidité de l’information prime sur la qualité du travail, il peut être difficile pour une entreprise de mettre en place les conditions requises à une séance d’intelligence collective. Pourtant, ce mode de management permet un climat de travail plus sain et favorable aux prises de parole. Ces échanges permettent de tirer tous les bénéfices de la diversité de l’entreprise, et de montrer les talents et les connaissances de chacun en dehors de ses tâches attitrées.
Attention toutefois aux limites de l’intelligence collective :
- La paresse naturelle de l’homme, qui pousse l’entreprise vers de mauvaises décisions, trop rapidement prises (accident de Challenger, les fusées KV-1, le Nokia NGO …) ;
- Les décisions de groupe, où les membres « dissidents » n’osent pas dire ce qu’ils pensent car ils sont contraires à la majorité ;
- Les votes démocratiques, qui portent un dictateur à la tête du projet : « Ses idées sont bonnes, laissons-le faire ce qu’il veut ».
En conclusion
Selon Glaser (1994), « Une compétence nouvelle est maintenant exigée des employés, des ouvriers aux décideurs : celle de travailler productivement et collaborativement dans les équipes ».
La structuration en équipes permettrait de s’adapter plus facilement aux évolutions de l’environnement, voire de les anticiper. Grâce au fonctionnement en équipes, l’organisation peut s’appuyer sur une unité de base autre que l’individu, et par conséquent, être moins dépendante de ses aléas (changement d’humeur, de position, d’opinion, …). Sans compter que le fonctionnement en équipes est généralement considéré comme favorisant la participation et la créativité des individus, éléments nécessaires dans la différentiation de l’entreprise par rapport à ses concurrents.
L’intelligence collective est un outil formidable lorsqu’il est utilisé dans un cadre correct et selon les conditions établies.
Partager